L’Agile Tour de Bordeaux a connu son édition 2017 ce week-end.
Grace à une équipe d’organisation motivée, des sponsors inspirés, et un ensemble de speakers de qualité, nous avons à nouveau pu profiter de 2 jours agréables et constructifs. Merci à tout ce monde.
Ces deux jours ont aussi été l’occasion de retrouver quelques amis que je ne vois qu’à l’occasion de ce type de conférences, et sincèrement, c’est vivifiant !
J1 – Accueil des organisateurs
Cette année, les organisateurs ont présenté l’Agile Tour à travers son histoire, et son rayonnement dans le monde, puis la spécificité de l’Agile Tour de Bordeaux dont ils ont souhaité conserver la gratuité.
J1 – The Long Road
Sandro MANCUSO (@SandroMancuso) nous livre ici sa vision de la construction d’une carrière. En s’appuyant sur son propre parcours, il nous propose quelques clefs de réflexion sur ce qui peut être attendu d’une relation avec un employeur, et de ce que l’on peut attendre d’un emploi.
Les gens qui réussissent font des envieux, mais on ne se rend pas nécessairement compte du travail, des efforts et des sacrifices qu’ils ont eu à réaliser pour réussir. Alors que finalement, ils n’ont pas plus de temps que nous, et qu’ils ont aussi des contraintes professionnelles et personnelles, voire même des familles. Pourtant, le manque de temps n’est pas une excuse pour eux.
Les personnes qui réussissent ont une profession, pas un emploi.
Une carrière est composée d’un enchaînement d’emplois (même s’ils sont réalisés au sein d’une même société), d’un cumul d’expériences différentes.
Construire une carrière est difficile.
Il peut être nécessaire de parfois faire demi-tour et retourner par exemple sur les bancs de la faculté. Sandro lui-même a dû le faire, ainsi que de réapprendre l’anglais.
Certains ont plus de contraintes que d’autres dans la vie … mais c’est la vie. Pour autant, il n’y a pas qu’une seule façon de construire une carrière.
Si c’est ce que tu veux faire : tu dois le faire.
Votre carrière peut être limitée par le cadre de votre compagnie (qui a ses propres contraintes).
On doit construire sa carrière, mais pas son CV (pas au détriment de la société pour laquelle on travaille). Il peut y avoir une divergence d’intérêts au bout d’un moment. C’est qu’il est temps de se séparer.
Chaque emploi est un investissement.
Qu’en attendez-vous en retour ?
Quand changer d’emploi ? Il vaut mieux rechercher un nouvel emploi lorsque tout va bien car on prend de mauvaises décisions lorsque l’on est à bout.
Quel est le job de mes rêves ? La vraie question est « Qu’est-ce qui ferait que je me lève tous les matins par plaisir ? »
Sa façon de décortiquer les annonces d’emploi est un bonheur à écouter … alors que ces annonces sont tellement pathétiques.
Toutes fois, certaines annonces affichent clairement les valeurs de la société. Cela permet de ne pas y répondre si nous ne sommes pas alignés … et c’est une bonne chose pour tout le monde.
Vous ne pouvez pas changer les personnes qui vous entourent, mais vous pouvez changer votre entourage.
Toujours favoriser l’enseignement, l’apprentissage par rapport à l’argent.
En bref : Vous êtes le(a) seul(e) responsable de votre carrière.
Pour vous faire une idée :
J1 – Stigmergie : fourmis, auto-organisation et collaboration à grande échelle
Lilian Ricaud (@lilious) nous livre ici un exercice de style.
Que pourrait-on tirer de la stigmergie dans la collaboration en entreprise, et de préférence dans de très grosses entreprises ?
Selon Lilian, le système pyramidal (ex : armée) est le seul système permettant de travailler à grande échelle.
Mais nous y rencontrons souvent des barrières (improductives et énergivores) à l’action directe.
Les modèles coopératifs peuvent être aussi contraignants (à grande échelle) que le modèle pyramidal, puisqu’ils demandent un consensus.
⇒ C’est un problème lié au « contrôle à priori ».
Lilian nous propose alors de nous tourner vers les termites et les fourmis pour identifier comment elles peuvent être aussi productives avec un tel nombre d’individus.
Un chiffre OFF : Nous passons 16 ans de notre vie en réunions.
Les termites et les fourmis sont capables de créer des structures de taille impressionnantes, à travers un mécanisme de coordination indirecte, de façon auto-organisé, et selon une boucle « action – trace – action … » poussant à l’action et au choix individuel.
Lilian a, par exemple, identifié des traces de ce modèle chez Wikipédia.
L’idée fondamentalement orientée vers l’action portée par ce modèle est :
Lorsque j’ai une idée, je la propose. J’y vais éventuellement seul, je m’y investi, puis je rends à la communauté mes travaux.
La stigmergie dans les grandes lignes :
- par défaut, tout est permis
- contrôles à postériori
- communication de l’ensemble des initiatives
Kanban est-il un système stigmergique ? Il porte effectivement un modèle de traces porté par ses tâches et ses règles de mouvement.
Pour creuser la question, vous pouvez trouver le support de cette présentation sur le GitHub de Lilian : stigmergie-V201-agile-bordeaux2017.pdf.
J1 – Le Lab Oratoire du Dr. Frankenstein
Que dire ??? Du Franck RAGEADE (@thelor), du grand Franck !
Le show commence avec @thelor à #ATBdx.
N’ayez pas peur ! pic.twitter.com/1ZVEmDhaNo— Chris DENIAUD (@ChrisDENIAUD) 20 octobre 2017
Si vous êtes passés à côté, jetez un œil par-là :
Mais sincèrement, c’est tellement mieux en direct !
Il nous conte la tentative de création de LA créature agile parfaite.
Créature à laquelle on apprend les méthodes, à laquelle on fait passer les certifications !!! bla bla bla.
Comment autant de théorie et de certifications ont pu ne pas aboutir à la créature agile parfaite ?
Comment tout cela avait pu aboutir à un monstre agile une fois en entreprise ?
Comment un client a pu être insatisfait ?
Et j’ai crié, criééééé … Lean pour qu’elle revienne
« LA méthode Agile » : « LA » méthode qui se vend sur étagère comme un baril de lessive en poudre.
J’avais échoué à lui donner du sens (ou peut-être l’avait-il perdu ?)
Les valeurs de l’agilité portent une promesse : l’ouverture à l’autre !
Il faut chercher l’autre en soi-même
Dans sa quête de sens, il se réfère alors entre autres :
- aux travaux d’Estelle MORIN sur le sens au travail.
Le sens au travail comme le sens du travail, puisque les 2 sont mêlés. - au manifeste comme une formule permettant de réduire les dissonances cognitives au travail.
La dimension prométhéenne du Frankenstein
- à la notion d’hologramme d’Edgar MORIN.
Un hologramme est une image où chaque point contient la presque totalité de l’information sur l’objet représenté. Le principe hologrammique signifie que non seulement la partie est dans le tout, mais que le tout est inscrit d’une certaine façon dans la partie.
L’équipier est inclus dans l’équipe, mais l’équipe complète rayonne dans chaque équipier.
L’erreur est le pendant indissociable de l’innovation ⇒ Il doit y avoir un droit évident à l’erreur.
Ne pas oublier le plaisir et la fantaisie au travail dans la quête de sens.
Soyez des montres, oui ! Mais soyez des montres gentils !
J1 – Le Cœur de l’Agilité
Il s’agit de la keynote de reprise proposée par Alistair COCKBURN (@TotherAlistair).
La rock star @TotherAlistair rentre en scène à #ATBdx pic.twitter.com/ocuDoZ4qSX
— Chris DENIAUD (@ChrisDENIAUD) 20 octobre 2017
J’avais déjà profité de cette keynote lors du ScrumDay 2014, et je constate d’une part qu’elle a largement évoluée, et que le fait qu’Alistair fasse l’effort de nous la proposer en français est remarquable et la rend accessible à un plus grand nombre.
En tant que CST (Certified Scrum Trainer), il a dû mettre dans un fichier Excel plus d’une centaine (104) d’objectifs d’apprentissage.
C’était nécessaire dans le cadre du Shu.
Depuis quelques années, il a repris les bases pour simplifier et se concentrer sur l’essentiel.
Pour mémoire :
Shu : suivre une technique pour l’apprendre
Ha : Assembler des techniques
Ri : Départ du dojo (il n’y a plus de règles, ni de sécurité)
Exemple de Shu : On enseigne à plonger selon une technique qu’aucun adulte ne pratique, mais qui permet aux enfants de comprendre le geste.
De même, si on applique les 104 principes listés précédemment, on doit s’en sortir « pas trop mal ».
Exemple de Ha : Une vidéo d’un saut à l’élastique qu’à réalisé Alistair il y a quelques années. Il avait une liberté d’action limitée (dans les choix de saut proposés).
— Alice Barralon (@a_barralon) 20 octobre 2017
Exemple de Ri : Une autre vidéo d’Alistair lors d’un plongeon sur une falaise de Nice. Il n’y a plus de technique, plus de règle, plus de sécurité : il faut simplement faire et faire bien dès la première fois.
Pour les débutants, il est nécessaire de donner les techniques (passer par le Shu).
Kokoro (revenir aux bases) « Just master the basics ». Pratiquer uniquement les bases pour libérer l’accès aux pratiques avancées.
Future focus : (au lieu de solution focus) Remarquer ce que l’on veut voir dans le futur (qui existe certainement déjà un peu).
Il nous présente une opposition entre la théorie X (un modèle forcé) et la théorie Y (un modèle choisi) de McGregor. Cela lui permet d’introduire le Guest Leadership : pas besoin d’autorité, les gens feront ce qu’il y a à faire.
Lorsque tout fonctionne de façon optimale, que remarquez-vous ?
(Piste Solution Focus proposée par Alistair pour une rétrospective)
En bref, le cœur de l’agilité, c’est :
- Livrez
- Réfléchissez
- Améliorez
- Collaborez
L’agilité est devenue mainstream … mal implémentée en général
Vous trouverez un support de cette présentation sur son site : Cœur de l’Agilité 2015.
J1 – Votre attention s’il vous plaît
Christian FAURÉ (@ChristianFaure) nous propose une analyse des mécanismes liés à l’attention ?
Cette question va bien au-delà de l’agilité.
Perspective évolutionniste : base d’analyse qui se penche sur d’où ça vient et où ça va ?
L’attention est toujours intentionnelle.
Le 1er mécanisme de l’attention : la rétention (pour contextualiser ce qui va suivre)
L’attention est donc un jeu de va et vient entre :
- Rétention (retenir)
- Protention (projeter)
Et ceci sur 3 niveaux différents.
L’attention peut être attiré par ce qui surprend, ce que certains considéreraient comme une erreur. Voir la bande annonce de « On connait la chanson » ;-).
Team building : Partager un moment collectif, ensemble.
Permettre de s’appuyer sur la rétention mémorielle d’une expérience partagée.
Katherine HAYLES s’est penchée sur les problèmes de déficits de l’attention dans « How we think ».
Ceux qui expérimentent le « flow » (état d’attention particulière) se décrivent « portés comme dans le courant d’une rivière »
Il entraîne :
- Concentration intense focalisée sur le moment présent
- Disparition de la distance entre le sujet et l’objet
- Perte du sentiment de conscience de soi
- Sensation de contrôle et de puissance sur l’activité …
Flow : Maximiser ses compétences pour atteindre ses objectifs.
En bref, le flow est un état d’attention ultime.
Vous voulez une matrice sur les états d’attention ?@ChristianFaure en a une pour vous#ATBdx pic.twitter.com/LoxF5ydJF7
— Chris DENIAUD (@ChrisDENIAUD) 20 octobre 2017

J1 – Balltrap
Antoine VERNOIS (@avernois) et Stéphane LANGLOIS (@langlois_s) nous offre une réflexion sur des éléments de langages et sur leurs impacts, le tout sous la forme d’une analyse linguistique.
« Les gens sont … » : connotation péjorative – généralisation qui met de la distance. Cela coupe toute empathie.
« La cible » : Image de target de balltrap. C’est en fait hyper violant.
« harponner le client » : faut-il en dire plus ?
« les personas » : se méfier des personas qui ne sont pas suffisamment personnalisés
« oui, mais dans mon contexte » : Opposé de « les gens » qui est tellement spécialisé que cela exclu.
Dans un processus bienveillant, il doit y avoir une boucle de feedback pour s’assurer que ce que l’on propose est réellement opportun pour la personne.
Bienveillance + Feedback = Bientraitance
« Bonheur au travail » … et le reste du temps ?
L’expression implique une notion d’installation du bonheur.
« la deadline » : tu trace une ligne dans une prison, et tu abats toute personne qui la dépasse.
« l’argent, c’est le nerf de la guerre » : vocabulaire guerrier
« On ne pousse pas en prod le vendredi » : C’est une facilité pour ne pas se pencher sur le problème tiré derrière (c’est même considéré comme « une bonne pratique » ☹)
⇒ Les bonnes pratiques doivent toujours être considérées comme « contextuelles » !!!
Vous souhaitez jeter un œil au support ? C’est par là : pointbar.github.io, mais ne vous attendez pas à ce qu’il soit éclairant sans Antoine ni Stéphane ;-).
J1 – L’enfance perpétuelle : survivre dans une industrie qui croit toujours au Père Noël
Laurent BOSSAVIT (@Morendil) nous propose en keynote de clôture sur ses déboires d’historien de l’informatique contrarié. Son travail chez Agile Alliance a été supprimé. Sa carte de métro des pratiques Agile a été réécrite. Bref … que de frustration.
Pour appuyer des recherches historiques, Laurent nous dévoile le site de Google Ngram Viewer (Recherche d’apparition de termes dans l’ensemble des livres qu’ils ont scannés). Une découverte pour moi !
Le message de Laurent est avant tout l’importance de se tourner vers l’histoire de l’informatique, et du développement en particulier.
Je fais personnellement parti des formateurs qui pratiquent souvent la recontextualisation historique des éléments que je présente. Pour rebondir sur des éléments précédents : c’est porteur de sens. Maintenant je me questionne sur l’opportunité d’en faire une keynote.
J2 – Real options (ou Gaston lagaffe au pays des merveilles)
Pascal VAN CAUWANBERGHE nous offre une keynote d’ouverture sur les « Real options ».
A travers différentes expériences, et sur un ton truculent, Pascal nous explique combien il est important de différer les décisions car de nombreuses contraintes arriveront plus tard.
L’important pour profiter des bénéfices des « real options » il faut :
- identifier les options possibles
- identifier la valeur apportée par chaque option
⇒ La valeur de l’option doit toujours être le premier critère considéré - estimer le coût de chaque option
- estimer le prix de mise en œuvre de chaque option
- identifier la date la plus tardive à laquelle pourra être prise la décision
→ Communiquer sur « Quand décider ? »
⇒ Ici, le classique rétroplanning avec identification des diverses contraintes reste une réponse efficace - identifier la méthode qui permettra de prendre la décision (faire le choix de l’option retenue)
→ Communiquer sur « Comment sera prise la décision à cette date ? »
La communication sur ces deux derniers points est une clef permettant de tranquilliser les personnes impliquées comme les parties prenantes (cela repousse la variabilité du projet).
L’idée derrière cela est que lorsque l’on recherche une solution, nous exploitons généralement un processus de recherche nommé le « Creative Process » :
- on part du problème
- on génère un maximum d’options (de réponses potentielles à ce problème)
⇒ phase de divergence - on choisit la ou les option(s) retenue(s)
⇒ phase de convergence - on implémente la ou les option(s) retenue(s)
Or, il est problématique de limiter trop top les options car de nombreuses contraintes arriveront plus tard.
Pour challenger les décisions trop rapides, Pascal nous propose la technique du « Oui, mais … ». (Beaucoup de coachs devraient être surpris par cet outil 😉)
De plus, Pascal invite à utiliser la technique de prototypage pour tenter de challenger les délais d’application des diverses options afin de pouvoir encore repousser l’échéance de prise de décision.
« Set-based development » : Si on ne sait pas quelle solution est à adopter, il peut être plus intéressant d’en développer plusieurs. Cela à un coût, qui peut être mis en balance au regard de la valeur apportée.
Pour nous faire une idée sur les Real Options, Pascal nous conseille :
- la lecture de la BD « Commitment »
- le visionnage de « Mr Nobody »
OFF : Il faut augmenter nos tarifs : Plus nous sommes payés cher, plus nous sommes pris au sérieux.
Ah, j’oubliais, si vous croiser Pascal au détour d’une conférence, ou autre, demandez-lui de vous raconter l’histoire de Blanche Neige : un décryptage truculent !
La présentation est disponible sur SlideShare. et de nombreuses ressources sont mises à disposition par ici : http://www.agilecoach.net.

J2 – Coaching Dojo
Après le succès rencontré à Agile Pays Basque, nous avons à nouveau, avec Fabrice AIMETTI (@fabriceaimetti), proposé un #CoachingDojo en format « conférence » (donc en 2 heures). Samedi matin oblige, il y avait un peu moins de monde que sur l’édition précédente.
Nous étions donc 13 pour cette édition, et pour ceux qui se sont exprimés avant que je prenne cette photo, elle a été appréciée :
Lors du débrief avec Fabrice, nous revenions sur combien une population différente, amenait un déroulement différent au sein du même cadre (qui n’a pas connu cela en formation ?). Alors autant dire que sur cette édition, ce n’est pas le timeboxing que nous avons mis en avant ;-).

J2 – Coding Gouter
Sam CRANFORD (@nostradamnit) et Fabien LAMARQUE (@Fabinout) nous ont proposé, à nous et à nos progénitures un #CodingGouter.
Une première pour moi et pour ma fille, et autant dire que cela nous a beaucoup plu.
La démarche est pédagogique et permet d’appréhender les premiers principes d’algorithmie en douceur (et bien-sûr, pas sous ce nom).
Nous avons débuté par une première manipulation sous forme de puzzle via Blockly Game, et sommes ensuite passés sur la plateforme Snap! pour créer un jeu vidéo.
Très ludique !
Tant que j’y suis, je référence ici un lien supplémentaire qui peut être exploité dans ce type d’ateliers :
Utiliser Arduino sans savoir coder avec l’appli Educative Lab https://t.co/UKGPvI6e4j #Arduino @QuaiLab pic.twitter.com/TCNS5Js1sF
— Geek Junior 🚀 (@geekjuniorfr) 30 juillet 2017
Voici qui a conclu, en famille, ces deux jours de conférence bien agréables.