La semaine dernière, l’IAE de Bordeaux a accueilli une conférence dont le titre devrait légitimement interpeller toute la profession.
La question est loin d’être anodine, et c’est à travers 3 prismes bien différents que les invités de choix nous ont proposés de l’aborder.
La professionnalisation du coaching

En premier lieu, Stéphane SEIRACQ nous propose une réflexion sur la professionnalisation de la discipline. C’est à travers une présentation du nouveau Master 2 de coaching et développement personnel qu’il dirige à partir de la rentrée et de la quatrième version de son macro-processus qu’il adresse une couverture du référentiel de compétences emprunté à l’EMCC.

L’encadrement juridique du coaching
Le second point de vue qui nous est offert par Monique LEVY est certainement le moins abordé, toutes formations confondues : les aspects juridiques qui encadrent le coaching.
Monique nous présente les 4 formes possibles d’encadrement d’une activité professionnelle :
- l’accès libre : chacun peut exercer l’activité, sans contrainte.
- l’autorégulation : la profession défini l’activité, et la fait reconnaître auprès de l’Union Européenne.
- la corégulation : l’activité est alors définie conjointement avec les instances de l’Union Européenne.
- la réglementation: l’activité est définie par l’Union Européenne. Les professionnels subissent alors des choix pour lesquels ils ne sont pas concertés.
C’est grâce à l’initiative de l’EMCC et de l’ICF (deux associations de coaching) que la profession de coaching est autorégulée depuis 2011 (plus d’infos sur le site www.coach-pro.org). Cette quête de l’autorégulation a débuté en 2000 suite à des affaires sectaires.
Ainsi, l’Union Européenne surveille depuis l’activité de la profession à moindre coût.
Pour autant, tout n’est pas encore fait. Un exemple parmi d’autres : Il n’existe pas de code déontologique autour duquel se retrouve l’ensemble de la profession.
Monique nous partage aussi quelques éléments qui valent la peine d’être rappelés :
- Dès qu’il y a une transaction onéreuse, il y a contrat, même s’il n’y a aucun support écrit.
- Il faut être vigilant à la rédaction des objectifs d’un coaching. Il doit être clair que ce n’est pas au coach qu’ils sont attachés mais au coaché.
Cela semble évident, mais a tout de même donné lieu à une interruption du service de coaching solidaire de l’EMCC suite à une poursuite liée à un manque de clarté. - A l’EMCC, la supervision d’un débutant est estimée à 1 supervision pour 20h de coaching.
L’éthique dans le coaching
Le troisième aspect abordé dans cette conférence est l’éthique, et c’est Pierre BLANC-SAHNOUN qui nous en proposé sont point de vue de façon … évidemment décalée.
Il se présente ici comme un dinosaure devenu mammifère. Puis, tel qu’il l’avait déjà fait 2 semaines au part avant à Nantes, nous propose quelques pistes de réflexions autour de l’éthique du coach, et à travers sa propre expérience.
En voici quelques unes :
-
Pierre stressé ??? Est-il éthique de coacher lorsque nous sommes nous-mêmes stressés, sachant pertinemment que ce stress va s’immiscer dans la relation avec le coaché ?
- Est-il éthique de facturer une séance de coaching narratif 20 fois plus cher qu’une séance de thérapie narrative ?
Note personnelle : Tous les coachs n’ont pas la chance d’avoir ce niveau de facturation 😉. - Est-il éthique de déguiser un accompagnement de coaching sous une appellation de formation afin de bénéficier de financements ?

Voici quelques exemples de questions auxquelles Pierre ne fournira évidemment pas de réponse, mais dont l’évocation reflète l’expérience et la sérénité de ce « mammifère » hors du commun.
Et que dire de la conclusion de cet humaniste sans borne : « Quand vous coachez, coachez avec Amour ! » ?
En quelques mots …
La professionnalisation n’est pas un sujet anodin. Pour mémoire, aucune formation n’est actuellement nécessaire pour s’établir en tant que « coach ». D’ailleurs, si la profession finissait par être réglementée, qu’elle serait la formation retenue permettant d’exploiter l’appellation de « coaching » ?
Rassurons-nous, plusieurs formations actuelles proposent déjà un large espace autour de bases théoriques, de processus, de la place centrale de l’éthique et de la déontologie, voire même de la contractualisation.
Pour autant, le volet juridique reste pour ainsi dire inexistant. Et combien de formations parlent du demi-VRP que le coach va devoir devenir pour se trouver des missions ?
Bref, j’ai passé une soirée très intéressante, et suis reparti comme un certain nombre de confrères avec plusieurs réflexions en tête.
Merci aux intervenants et aux organisateurs.
Si vous souhaitez-vous faire une idée plus complète, je vous invite à vous plonger sur les vidéos mises à disposition par la chaîne YouTube de l’IAE :
- Partie 1 :
- Partie 2 :
- Partie 3 :
- Partie 4 :
Ils en parlent aussi :
- Fabrice (J’aime beaucoup les incrustations au tableau) : https://chroniquesnarratives.com/2016/06/16/le-metier-du-coaching
- L’IAE : http://www.iae-bordeaux.fr/Actualites/Retours-sur-la-conference-coaching