Dans le cadre de la préparation du prochain club de lecture organisé par Agile Bordeaux, la lecture de la nouvelle préface de Arun Gandhi de l’oeuvre de Marshall B. Rosenberg (« Les mots sont des fenêtres (ou bien des murs) ») s’est mise à résonner de façon particulière lorsque celui-ci cite son grand-père :
Devenons le changement que nous souhaitons voir dans le monde
Je n’ai pu m’empêcher d’associer cette citation à une porte de sortie d’une spirale de l’échec.
Et certains parleront de synchronicité, mais cette résonance prenait son ampleur dans la découverte quasi simultanée de 2 autres médias marquants à quelques jours d’écart :
- Une publicité pour une grande surface dont j’aimerais connaitre l’auteur de la conclusion :
Je ne refuse pas de voir l’adversité, mais je refuse d’y voir une fatalité
- Une citation mise en image par Fabrice AIMETTI
Le problème n’est pas le problème.
Le problème est votre attitude vis-à-vis du problème.Est-ce que vous comprenez ?
Capitaine Jack Sparrow
Alors … Quel lien avec la spirale de l’échec ?
Revenons pour cela un petit peu aux bases, et donc à la théorie de l’attribution (ou théorie de l’attribution causale).
Bernard Weiner présente cette théorie à travers un lien entre :
- l’attribution que l’on fait d’un événement passé,
- la stabilité de la cause ayant permis cet événement,
- l’impact sur la perception / représentation qu’aura l’auteur du récit de cet événement suite à sa survenue.
Le tout se représente à travers la matrice suivante :
Attribution \ Cause | Stable | Instable |
---|---|---|
Interne |
Compétence | Effort |
Externe |
Difficulté | Chance |
Comment utiliser cette matrice dans le cadre d’un accompagnement ?
A travers les échanges, à travers le récit d’une expérience que la personne accompagnée présente comme une fierté ou comme une difficulté.
Ainsi, en prenant volontairement cette matrice « à l’envers » :
- Attribution Externe / Cause Instable :
Si l’auteur du récit se positionne en spectateur, dans un rôle passif et qu’il en décrit la cause comme accidentelle, ou comme un coup de chance, l’auteur risque de se placer dans une spirale de l’échec (nous y voilà).
Il n’envisage pas de pouvoir avoir la moindre prise sur l’événement et ne prendra aucun recul sur la situation en vue d’un apprentissage ou d’une consolidation.
- Attribution Interne/ Cause Instable :
Si l’auteur du récit se positionne en acteur et qu’il en décrit la cause comme un laisser-aller ou un effort particulier, l’auteur peut en retenir une source de motivation comme une source de démotivation au regard de l’effort qu’il a produit pour aboutir à un résultat positif ou de l’effort qu’il pense nécessaire pour aboutir à un résultat positif dans le cas contraire.
Ici, le risque est de laisser l’auteur avec l’idée d’un effort nécessaire qui n’est pas à sa portée et qui l’amènerait à baisser les bras puis à entrer dans une spirale de l’échec.
S’il est conscient de l’emprise qu’il peut avoir sur la situation, il peut être intéressant de jalonner l’effort à produire pour le rendre atteignable.
- Attribution Externe / Cause Stable :
Si l’auteur du récit se positionne en spectateur ou victime et qu’il en décrit la cause comme reproductible ou récurrente, l’auteur peut en retenir une difficulté qui selon la situation sera à elle seule source de motivation – tel un défi – ou de démotivation – tel un obstacle insurmontable.
Le risque est ici de laisser l’auteur se conforter dans une idée d’incapacité / d’incompétence qui l’amènerait à baisser les bras puis à entrer dans une spirale de l’échec.
Ici encore, l’idée de jalonner (la montée en compétence au lieu de l’effort) peut permettre à l’auteur d’adopter un point de vue plus positif.
- Attribution Interne / Cause Stable :
Si l’auteur du récit se positionne en acteur et qu’il en décrit la cause comme reproductible ou récurrente, l’auteur peut en retenir une compétence acquise – qu’il sera bon de consolider – ou une incompétence / incapacité qu’il considère comme un état de fait. Il ne cherchera alors pas à le remettre en cause et entrera dans une spirale de l’échec.
Comme nous le voyons, les quatre options de cette matrice peuvent aboutir à une spirale de l’échec. Mais alors, quel est le lien avec les citations précédentes ?
Leur invitation !
Ces citations – comme bien d’autres – invitent à prendre du recul sur le regard que l’on porte sur les difficultés rencontrées et à se repositionner comme acteur, donc de ré-intérioriser non pas les problèmes, mais le rôle que l’on tient vis-à-vis de situations potentiellement difficiles.
Bref, comme dans tout accompagnement de coaching, ces citations tendent à offrir de nouveaux points de vue, de nouvelles perspectives.
Il n’en faut pas plus pour sortir d’une spirale de l’échec, voire même s’engager dans une spirale du succès.